Voilà des semaines que je tourne autour de ce message, sans réussir à trouver les mots et à me décider à sauter le pas de l’écrire.
Si vous avez suivi mon atelier depuis ces dernières années, vous savez que mon activité de fileuse et de tisserande a d’abord commencé par une passion (2007 quand même !), puis des commandes de plus en plus nombreuses, puis une première galerie à Huelgoat et un statut plus officiel (2011), puis des ateliers partagés à Brest aux Ateliers de Louis (2014-2017), puis d’autres ateliers partagés (L’Art et Création à Daoulas en 2017-2018), et enfin mon propre atelier à Brest depuis septembre 2018. Depuis février 2017, mon atelier est devenu ma principale, que dis-je, ma seule activité.
En quittant mon boulot de gérante d’une école d’acupuncture, je m’étais donné 2 ans pour voir comment mon activité allait se développer. Je n’imaginais pas avoir atteint les sommets d’ici là, mais au moins voir comment cela démarrait en 2 années et décider si je pouvais continuer.
Les 2 ans sont maintenant écoulés et la réponse est malheureusement non, pas comme actuellement en tout cas.
Il faut se rendre à l’évidence, pour de nombreuses raisons mon activité n’est pas viable et nous arrivons au bout de ce que nous pouvons tenir financièrement avec mon mari. Je vais essayer de l’expliquer et de le détailler ici mais gardez à l’esprit SVP que ceci n’est que mon point de vue et mon expérience personnelle, dans une période, une région, une activité, une situation de famille bien particulières… ce n’est bien sûr pas transposable pour tout et tout le monde, même si certains je le sais se reconnaissent dans les constats qui vont suivre. Certains passages vous sembleront peut-être désabusés et découragés, et j’avoue que c’est parfois le cas. J’écris cet article avec des sentiments très mitigés, passant du soulagement à la déception, de l’espoir à la tristesse… et cela se ressentira sans doute dans ces lignes.
Il y a tout d’abord la difficulté à trouver un local correct, et à un prix abordable : je suis très heureuse dans le mien, il est juste parfait ! mais mon loyer, l’assurance et les charges sont quand même trop importants pour mon budget, surtout les mois creux. Je sais que je vais de toutes façons devoir partir avant la fin de l’année puisque des travaux importants voire des destructions sont prévus pour rénover mon quartier ; je précise que j’étais au courant en entrant dans ce lieu, d’où mon bail d’un an et mon loyer adapté : je suis heureuse d’avoir pu profiter de cet atelier pendant ces quelques mois, j’ai adoré même ! Que dire, si j’avais du dessiner mon atelier idéal, je pense qu’il aurait été très proche de celui-là. Mais je savais que c’était pour une durée limitée, c’est ainsi, même si ce ne sera pas facile de partir car je me suis bien attachée à ce local.
Je pense avoir fait le tour des possibilités et des lieux de Brest et des alentours et je ne vois pas comment je vais trouver un nouveau lieu sain et pérenne à un prix que je puisse payer. Il est donc prévu que je rende mon local fin juin et que je ré-emménage à la maison. Objectivement je ne sais pas comment je vais faire, je n’ai pas assez de place chez moi pour le moment ! Mais il va bien falloir en trouver, je n’ai pas le choix. Attendez vous donc à des vide-paniers, des dons, des ventes diverses et variées, dans les semaines à venir. Je vais relire Marie Kondo hihihi ! Et trouver des solutions je l’espère.
Il y a aussi la question de la saisonnalité de la laine et des activités qui lui sont liées. Evidemment la fin d’année est ma meilleure période financièrement. Il y a quelques années, je faisais de bons mois dès la rentrée, octobre, novembre, décembre… maintenant j’observe (et je ne suis pas la seule) que la période des fêtes est de plus en plus concentrée et que les choses bougent peu avant décembre. Difficile dans ce cas de tout mener de front même en anticipant, les commandes personnalisées, la boutique en ligne, les marchés de Noël, la vente directe à l’atelier… cette période me laisse de plus en plus éreintée et au bord du burn out chaque mois de janvier.
En temps normal, la période des fêtes me fait tenir financièrement plusieurs mois, mais pas cette fois. Pour être complètement honnête, mon hiver 2018 n’a pas été bon, ça a même été le pire de ces dernières années. Baisse de la fréquentation des marchés, un public qui n’avait pas l’esprit à la fête, aux cadeaux… vous me direz que cela fait plusieurs années que cela se fait sentir, mais je n’étais habituellement pas aussi impactée : mon public achetait certes moins, mais mieux, et avait tendance à privilégier le fait-main, l’artisanal, le local, la qualité… malgré tout cette année, le contexte a fini par me rattraper et je n’ai pas du tout fait mon chiffre d’affaire habituel, ce qui m’a grandement pénalisée pour commencer sereinement le début d’année 2019.
Ensuite dans une année classique pour mon atelier les ventes ralentissent assez brusquement en janvier, les collections de printemps arrivent ainsi que les soldes (et je refuse catégoriquement de participer à ces derniers), et plus personne ou presque n’a envie de s’acheter une grosse étole en laine, même dans le Finistère 😀
Je peux encore tirer mon épingle du jeu avec la vente des fibres, mais surtout avec les cours et stages. C’est ce que j’ai mis en place depuis janvier et j’en suis très heureuse. C’est un vrai bonheur d’accueillir du monde dans mon atelier le temps d’un cours, et je crois que le plaisir est réciproque car mes stagiaires repartent ravies.
Mais financièrement cela ne suffit pas. Cela surprend généralement car on trouve parfois cher le tarif d’une journée (environ 90-95€ par personne fournitures comprises, en espérant atteindre 5 stagiaires). Mais le temps passé à préparer les cours, la teinture et le cardage des fibres, les tutoriels, à gérer les inscriptions et la communication est énorme. Une fois que les charges et les matières premières sont payées, je vous assure que je suis encore loin du compte par rapport au temps réel passé à préparer et transmettre un atelier, et ce n’est pas tenable à moyen et long terme, pas avec les charges d’un local et comme principale activité professionnelle.
Nous arrivons ensuite à l’été qui est la saison des festivals… mais l’éloignement géographique joue en ma défaveur, venir de Brest coûte très cher, sans compter l’hébergement, le prix du stand etc… L’événement en question a intérêt à cartonner et à attirer un public connaisseur pour que je puisse amortir mon déplacement et faire un bénéfice. A part les éditions du Lot et la Laine (formations + stand) et les Fibrophiles (que j’ai co-organisé dans le Finistère donc en local) qui ont été de bons événements pour moi, les grands déplacements restent risqués, sur des événements qui sont de plus en plus souvent très orientés vers les tricoteuses.
Ce qui m’amène à parler de la question des prix, la fameuse question des prix…
Je vais vous expliquer mon mode de calcul : grosso modo, je prends comme base un prix de 25€ les 100 gr de fibres cardées et teintes. C’est discutable mais il me semble que c’est un prix assez courant, en tout cas en France car cela peut augmenter aux Etats-Unis. Je n’utilise que des fibres naturelles, dont le prix est beaucoup plus élevé que les fibres synthétiques et autres joyeusetés. Ensuite j’essaye d’appliquer un tarif de 10€ par heure de travail, + mes charges, ça ne me paraît pas délirant non ? Le SMIC horaire brut est à environ 10€ au moment où j’écris ces lignes, est ce que ça vous paraît dingue que j’essaye (sans y parvenir !) de me payer 10€ de l’heure pour un travail artisanal entièrement à la main, unique, non reproductible, qui demande un matériel très onéreux et des matières premières qu’on qualifie dans le textile de luxueuses ?
Pour un écheveau filé-main, mettons pour un fil fantaisie, il me faut environ 2-3 heures de filage et de retors, ce sera forcément un fil plutôt dodu car plus on file fin, plus on passe du temps au filage n’est ce pas ? Il me faut donc trouver un équilibre temps passé / rémunération, plus je passe du temps à filer, plus l’écheveau sera cher et difficile à vendre. Nous sommes donc déjà en théorie à 55€, plus les charges de 15% liées à mon statut d’autoentrepreneur, donc 63,25€. Et sans rien ajouter d’autre !
J’ai longtemps vendu mes écheveaux plutôt dans les 40-50€, il n’y a que l’hiver dernier que j’ai augmenté mes prix sur les écheveaux les plus récents, pour finalement retirer tous mes écheveaux de la vente en début d’année car je ne me sentais plus cohérente. Certains auraient du être encore plus chers pour refléter mon travail réel, or je n’osais plus augmenter mes prix car sur les marchés lorsque certaines personnes regardaient l’étiquette elles avaient l’air de manquer d’air ! Lorsque j’explique les différentes étapes les gens comprennent mieux le prix affiché, mais cela reste malgré tout source d’incompréhension et de frustration.
De plus aucun artisan à ma connaissance ne peut passer son temps à produire, nous avons toutes les casquettes, gestion, essais et recherches, autoformation, site Internet, réseaux sociaux, communication, administratif, création… C’est aussi ce qui me plaît car je ne peux pas être mono-tache et j’aime varier mes activités, mais tout ce temps là n’est tout simplement pas payé dans mon cas.
Quand je vois les prix affichés sur les sites de vente en ligne pour des écheveaux en filé-main, je suis complètement désabusée. Franchement, à quoi bon ? Annoncer des matières naturelles, teintes à la main, filées à la main très fin, pour 30€ ? Mais c’est à peine le prix des matières premières ! C’est à peine plus cher qu’un écheveau de filature juste teint à la main par un indie-dyer ! J’ai cherché quelques exemples rapides pour écrire cet article mais je ne mettrais pas de lien, 1400 m en retors 2 brins donc 2800 m de filage à la base, presque 500 gr de fibres (laine et soie), pour 69€ ??! Dans la même lignée, j’ai vu cet hiver des grandes écharpes filées ET tissées main pour… 60€. Oui, 60€.
On me répond souvent que si c’est plus cher le public n’achète pas. Je ne pense pas que cela soit vrai, mais je ne changerai pas les mentalités en 2 ans. Je ne pratiquerai jamais des tarifs aussi bas, mais le travail pour atteindre un montant qui reflète vraiment notre travail me semble encore énorme. Je précise aussi que je ne me sens pas en concurrence avec les personnes qui pratiquent ces prix : chacun ses goûts, son univers, ses clients… ce n’est pas parce que certaines pratiquent ces tarifs que je vends moins, ma clientèle connaît mon travail et ma démarche, me soutient et fonctionne souvent au coup de coeur. Mais je pense que ce n’est pas un service à nous rendre, à toutes les fileuses et tisserandes, de casser les prix ainsi, d’autant que pour le grand public, il y a encore un énorme travail de pédagogie à faire sur le sujet du coût et de l’impact réel de l’industrie textile.
On me demande souvent, « et vous en vivez ? ». Cette question tour à tour m’amuse et m’agace. En vivre, ça veut dire quoi au juste ? Quel est le seuil pour dire « je vis de mon activité » ? Je crois que je ne connais personne qui vit de son activité artisanale, et par vivre je veux dire gagner de quoi faire vivre sa famille sans le soutien d’un(e) conjoint(e) qui lui gagne mieux sa vie. Il y a tellement de personnes qui vont passer 2 heures à vous poser toutes les questions sur votre activité, de la toison au tissage, partir ravis et en vous remerciant, mais sans rien acheter. Pensez-y en lisant ces lignes, est ce que vous passeriez 2 heures chez votre boulanger à visiter le fournil, toucher toutes les farines, goûter tous les pains et partir sans rien acheter pour compenser ?
Idem pour toutes les propositions à venir faire des animations gratuitement : mais si, ça vous fera connaître, vous pourrez distribuer vos cartes de visite, vous n’aurez qu’à avoir un « petit » stand de vente à côté de votre rouet pour vos « petites » créations… alors non, soit on fait de la démo, soit on vend, mais difficilement les deux, et le public des animations, aussi sympathique et curieux soit-il, n’est pas souvent acheteur. Cela fait des années que je fais des démonstrations, je peux vous dire que les retombées réelles en terme de ventes sont minimes. C’est génial une démonstration de filage, ça met tout le monde d’accord, les enfants sont hypnotisés, les femmes aiment les matières et les couleurs, les hommes posent des questions techniques sur les ratios, les poulies etc… mais ça ne fait pas bouillir la marmite.
Vous iriez demander à une infirmière, un informaticien, un maçon de venir faire une démonstration, gratuitement comme ça, le week-end ? Quel que soit votre métier, votre statut, que vous soyez salarié, profession libérale, patron, chômeur, … vous le feriez, vous ? Malgré la barrière de l’écrit je pose la question sans agressivité, vraiment calmement parce que cela m’interroge, tout simplement. La réponse dans mon entourage est souvent non, en fait les gens ne se posent même pas la question. Mais pour les artisans / artistes, oui, parce qu’on espère que ça va marcher et qu’on fait tout pour y parvenir.
Alors on me répond : « oui, mais toi tu as de la chance, tu es libre et indépendante, tu as choisi de vivre de ta passion, et ça vient avec des inconvénients aussi. » Alors non, je n’en vis pas, et à un moment passer autant d’heures sur une activité qui ne me rémunère pas suffisamment, cela devient tout simplement impossible à tenir. J’ai essayé, j’en suis vraiment heureuse, j’ai profité autant que possible de ces 2 années et j’ai énormément appris, je ne vivrai pas avec des regrets et le « et si ?… », mais je crois que l’heure du bilan a sonné et que je ne peux pas continuer ainsi.
Je pense qu’on ne peut pas imaginer avant de l’avoir vécu à quel point il est difficile de vivre de sa créativité. La créativité fonctionne par cycle, et on ne peut pas être à fond tout le temps, l’inspiration ne coule pas comme une cascade du matin au soir, en tout cas pas chez moi 😀 Et je me rends compte que je ne suis plus si libre que ça : je vais forcément penser au temps passé sur une création, par exemple j’avais très envie d’apprendre la broderie cette année, mais franchement broder mes étoles qui ont déjà un prix élevé, est ce que j’arriverai à les vendre ensuite ? Filer cette soie le plus fin possible sans jamais pouvoir la vendre à son prix réel, passer du temps à apprendre une nouvelle technique, à expérimenter et se planter sans que cela aboutisse à un produit fini et vendable, se perdre dans le processus et voir où il nous mène, est ce que je me l’autorise encore vraiment ? Pas très souvent j’avoue, et cela me manque. Mon rapport à ma créativité, au filage et au tissage a changé, et pas forcément en mieux. Je dois chercher ailleurs, dans le tricot par exemple, cette liberté totale de ne pas comparer, de ne pas compter, de ne pas produire.
Je crois aussi qu’en étant maman de deux petites filles de 6 ans et 2 ans et demi, je n’ai plus la même capacité à me jeter à corps perdu dans un projet, à y passer mes soirées, mes week-ends, ma vie. Sans le soutien et l’aide d’une famille proche géographiquement nous sommes seuls pour gérer nos puces, et il se passe rarement une semaine sans un grain de sable de les rouages.
Alors voilà, il semblerait que le temps joue contre moi, il me faudrait encore quelques mois ou années devant moi pour continuer car 2 ans c’est peu pour lancer un projet, mais c’est beaucoup à l’échelle du quotidien, de la fatigue et des incertitudes financières. Je vais donc rendre mon local fin juin, mais d’ici là les cours et stages annoncés se dérouleront comme prévu : tissage sur métier à peigne rigide le 18 mai, tissage circulaire et mural le 9 juin, et grande surprise, pour clore en beauté cette année dans mon atelier, un stage de 2 jours dédié au filage de la soie avec Nathalie alias L’Oeil de Loup les 22 et 23 juin (les détails et inscriptions arrivent). J’espère ajouter une nouvelle date de filage débutant, une autre de filage intermédiaire / perfectionnement, et une date pour filer à la ouessantine à la quenouille !
J’adore la lumière de la rue le matin, et celle de la fin de journée dans la cour, j’aime avoir autant d’espace pour créer, avoir tout mon matériel au même endroit, accueillir des stagiaires dans un lieu dédié aux arts du fil, et je me réjouis de savourer ces deux prochains mois, les derniers dans mon local, de faire doucement le tri, tout en préparant mon retour à la maison.
Ensuite, je vais faire une bonne pause cet été, déconnectée des réseaux sociaux, et on verra ce qui émerge à la rentrée. J’ai plusieurs pistes, mais il est trop tôt pour en parler ici. La suite, la fin ? Je ne sais pas, vraiment. Pour le moment j’ai la possibilité de continuer les formations dans certains lieux qui pourraient m’accueillir ponctuellement, peut-être faire une grosse mise à jour par an au moment des fêtes avec les tissages de l’année,… Je n’arrêterai bien sûr jamais de filer et de tisser, de teindre et de carder, mais j’ai besoin d’une pause pour faire le point avant d’envisager la suite, de savoir si mon atelier redeviendra une activité secondaire, ou si j’arrêterai complètement d’être professionnelle pour me consacrer à un autre emploi et d’autres projets.
Merci à celles et ceux qui m’auront lue jusque là, merci pour votre soutien, vos compliments, votre présence réelle ou virtuelle… et à bientôt pour la suite, quelle qu’elle soit.
Je suis de tout coeur avec toi, je n’ai jamais pu « vivre » de l’artisanat et de mes créations, ce qui m’a toujours beaucoup attristée car c’est ce que j’aime faire et que c’est épanouissant. La pression de mon travail alimentaire devient de pire en pire, heureusement j’ai ma passion pour me ressourcer. Je refuse de me brader et je n’ai jamais lâché prise, je reste chère aux yeux de certains mais je vends temps en temps, chaque année un peu moins vu la mauvaise conjoncture…tout bon courage à toi pour l’avenir et tout le meilleur. Midian
Votre histoire décrit la vie de tous les artisans… nous vivons une ère de dématérialisation et du tout virtuel, alors bien sûr évaluer un travail manuel ou une création est incalculable pour le quidam qui pourtant aime sincèrement votre œuvre. Les gens se tournent de plus en plus vers le fait main authentique car il rassure et il est tout simplement beau mais l argent manque … autant pour le créateur que le consommateur. Alors … faire une pause, un pas en arrière pour reprendre son souffle, prioriser, s organiser, lâcher ce qui doit partir ou mettre en veille… et garder ses rêves ! Être et durer ! Bonne chance
Tristesse tristesse mais ce qui est sûre c’est que je veux participer au plus de stages possibles avant ton départ… Bisous
Je suis très triste de lire ce texte ,mais pour le local tu n’as pas le choix.J’espère que dans ta maison tu vas pouvoir faire de la place car déjà avec le loyer en moins cela serait bien et ensuite si tu trouvais un mi temps pour le coté faut se nourrir et payer les factures et garder le reste du temps pour ta passion tes filages tes ventes tes stages, cela te laisserait la possibilité de continuer ….. une idée comme une autre.C’est vrai que 2018 dur dur pour les ventes.Ne jamais désespérer et s’accrocher de toutes nos forces quand nous aimons créer.Bon courages Amitiés .Val
Whaou c’est tellement vrai cette démonstration. Ma chère Claire j’ai foi en toi de tout coeur j’espère que tu trouveras le juste équilibre dans les prochains mois, années à venir. Partager du temps avec toi sera toujours un vrai plaisir. Je t’embrasse fort à bientôt. Tu as tant à offrir mais prends soin de toi et de tes amours. Josette
Tant de beauté et tant de talent gâchés me rendent amère sur l’évolution de notre société…
Je me retrouve tellement dans vos propos !
Et parfois effectivement il faut savoir laisser passer du temps pour mieux revenir. C’est ce que je vous souhaite de tout coeur !
Beaucoup, beaucoup d’émotions à te lire, parce que tu mets des mots sur ce qui est une réalité pour certaines d’entre nous (je n’ose pas écrire beaucoup d’entre nous, mais c’est peut-être le cas) : création, matières luxueuses, temps passé, et tous les rapports financiers très compliqués qui en découlent. Je me retrouve dans toutes les questions que tu poses, les constats que tu fais, avec une sensation de grande impuissance. Et je t’admire, vraiment, d’avoir tenté l’aventure. Suite ou fin ? la question reste ouverte chère Claire ; je te souhaite de pouvoir y répondre doucement, à ton rythme. Merci à toi d’avoir partagé ces pensées, ces réflexions, ces constats, avec nous. Je t’embrasse bien fort. Nathalie.
Bonjour Claire des bruyère…
Merci d’avoir osé écrire votre réalité. ..
Je vous envoie douceur et sérénité
Anne L OR
Je m’y retrouve complètement, alors que je suis moi aussi, de nouveau confronté à un croisement de chemin… Se consacrer à son activité artisanale, c’est périlleux et remet en question très souvent ses choix ou sa vie personnelle… trouver l’équilibre…
Quand on a des enfants et un mari, c’est à la fois un soutien mais aussi des obligations et des frustrations de manquer de temps…
et quand on n’a pas tout ça, c’est à la fois une solitude extrême et une mise en danger bien plus violente : ne pouvoir compter que sur soi et devoir se maintenir à flot coûte que coûte…. et ce malgré les montagnes russes d’emmerdes, de charges imprévues, et de coup de stress ou déprime…
J’espère avoir l’occasion d’entendre de meilleures nouvelles ces prochains mois, et j’ai hâte de voir la suite, car je sais que lorsqu’on est passionées comme nous le sommes, on ne peut pas lacher… c’est juste une question de forme et de manière de faire qui changera.
Courage à toi, courage à nous… et à très bientôt ! 🙂
Je te trouve très courageuse. Ce n’est pas facile d’être réaliste quand on a un tempérament d’artiste.
Ne désespère pas. C’est peut-être simplement que ce n’est pas encore l’heure, ton heure. Tu me ramènes des années en arrière quand je me suis trouvée à peu près dans la même situation, à la différence que j’étais seule pour élever mes enfants. Je suis passée par la case boulot alimentaire en me disant que ce serait temporaire, mais au moins je ne suis pas passée à côté de mes enfants. Et c’est tardivement, vers la cinquantaine, que j’ai pu enfin vivre ce que je voulais… Il y a un temps pour tout. Je ne prétends pas être un modèle. j’espère simplement te donner un peu d »espoir! je t’embrasse, marie.
Chère Claire ! Tout d’abord plein d’energie positive à toi, tes puces et ton mari ! Et bravo pour le chemin parcouru, le partage et ton honnêteté ! Oui, prends une pause, prends bien soin de toi, c’est important… ok peut tout avoir, mais pas tout en même temps… et peut-être que ce petit grain de sable deviendra perle : as-tu pensé à l’industrie du luxe ? Où la qualité est prisée, et les prix qui vont avec 😉 grosses bises !
Je te dis BRAVO Claire. Bravo pour ce beau parcours. Bravo pour avoir osé tenter de vivre de tes passions et de ton sens du partage. Bravo pour ce texte.
Je suis très triste en te lisant car pour moi tu es une des belles références dans ce petit monde des passionnées des fibres. Je t’ai découverte avec bonheur lors des préparatifs du Lot et la Laine 2015… Ton univers, ton travail et la personne que je percevais au travers d’eux me touchaient beaucoup. Ces aspects là des choses ne meurent pas. C’est ton essence, C’est toi. Et cela perdurera. Sous une forme renouvellée, à un autre moment, en d’autres lieux…Et la piste que tu envisage semble relativement viable.
Je rejoins aussi Marie Foyer… Peut-être parce que j’ai atteint la cinquantaine et que je commence enfin à me sentir autorisée à tenter ce queje n’ai pas osé à 20-30 ans ?
Oui il y a un temps pour tout.
Mais surtout, je suis persuadée que tu n’as pas fini de nous éblouir avec ta belle créativité.
Je t’envoie plein de bonnes ondes.
Cela résonne tellement avec mes questionnements. Je crois que tu as mis des mots sur ce que je pense en ce moment. J’essaie aussi de trouver un équilibre en ferme et passion. Professionnel et personnel. Je ne sais pas où cela mènera. Merci et je souhaite de trouver ton bonheur et ton équilibre. Chloé
De tout cœur avec vous ( toi , si la proximité des goûts nous rapproche ).
J’ai fait le choix inverse : un métier alimentaire que j’exerce avec un engagement total mais sans reconnaissance pour pouvoir élever seule mes trois garçons. Je me sens comme une souris dans sa cage, avec les regrets de n’avoir pas osé … je vous admire et vous souhaite le meilleur pour l’avenir.
C’est triste que l’aventure se termine comme ça. Je te souhaite de rebondir après une pause pour toi et les tiens.
C’est triste que l’aventure se termine ainsi. Je te souhaite de rebondir après une pause pour toi et les tiens. Ton talent ne disparaît pas…
Ma chère Claire,
Nous en avons discuté, nous en rediscuterons… Le monde du filage sans toi, c’est comme une nuit qui perd une de ses constellations les plus brillantes… Et comment se résoudre aux ténèbres ? Je pense fort à toi.
Je suis très triste car tu es une vraie artiste et une passionnée.
Réfléchis, prends soin de toi et de ta famille mais continue à créer, au moins pour toi.
Tu es trop douée pour tout arrêter.
Je te fais d’énormes bisous
Bon vent ! quel que soit ton avenir artisanal 😉
chère Claire, merci de ton texte, si sincère, si précis, un texte qui te ressemble, honnête et droit et courageux…ce que tu vis avec les fibres, je l’ai vécu avec la musique, je pense que beaucoup d’artistes et d’artisans vont se reconnaître….vivement le salaire universel ! Car le monde a besoin de beauté et de poésie autant que de pain ou de machines à laver….ceci dit, je pense que tu pourrais vraiment développer ton activité de pédagogue, car tu es douée aussi pour cela….il y a les particuliers, oui, mais aussi les écoles d’art, les formations sur salons…enfin bon, je suis certaine que tu sauras rebondir, tu auras les pattes de la grenouille et la souplesse de la couleuvre pour trouver ton nouveau chemin 😉 A tout vite pour une journée 2 de filage fantaisie, d’acc ? je t’embrasse, avec toute mon amitié….
Je ressens du désespoir, de la révolte, en te lisant. Ce sont mes propres sentiments face à ta situation (et celles de beaucoup d’autres). j’ai connu ce que tu expliques, non pas en qualité d’artisane ou d’artiste, mais autrement. Je n’ai aucun conseil à te donner, bien entendu. J’ai fait le choix, d’accord avec mon compagnon de vie, que je poursuive, jour après jour, malgré l’absence de rentabilité de mon activité (plus souvent en perte qu’en bénéfice). Nous avons vécu – avec nos enfants – avec un seul salaire et deux activités professionnelles prenantes. Je pense – non, je suis certaine, que nos enfants en ont retiré beaucoup de bien. Mais j’ai terminé en burn out il y a 6 ans et je ne me relève que lentement. Je ne sais pas si j’ai eu raison ou tort. J’ai adoré ma profession, je suis révoltée de l’absence de rentabilité de toute une série d’activités tellement utiles … J’espère du fond du coeur que tu vas pouvoir trouver des solutions qui te permettront de poursuivre ton beau travail.
Je suis bien triste de lire ta confession qui touche si juste…si ta passion est intacte, tu pourras trouver un nouvel équilibre. Différent mais riche de ton expérience. Et le Lot et la Laine t’accueillera toujours avec plaisir. Myrtille
J’ai eu il y a longtemps un site qui vendait de la laine, des fuseaux, ça s’appelait au petit troupeau. J’ai vite vu que la laine ne se vendait que si elle était très bon marché… j’ai eu la chance de revendre ce site. Récemment je me suis mise à peindre mais c’est pareil. Les gens n’achètent pas, ils préfèrent des croûtes imprimées en Inde trouvées au supermarché (ou sa version plus chic). En effet vers Noël, ils se mettent à acheter. Seuls les artistes sur lesquels on peut parier (que leurs œuvre prendront beaucoup de valeurs), peuvent espérer se tirer d’affaire. Les galeries elles-mêmes ont du mal, et pourtant une fois payées, avec le prix du matériel que reste-t-il à l’artiste? J’ai la chance de pouvoir le faire en m’occupant de mes enfants, ça couvre mes dépenses de vendre un peu. Ça nous renseigne beaucoup sur ce qui intéresse les gens, accumuler des fringues transportées dans du plastique et trimbalées à coup de cargos gigantesques… ou pire, passer tout leur temps sur un écran. Moralité: aime et fais ce que tu veux pour ma part j’essaie de ne plus m’acheter de vêtements du tout!
Ton analyse est (malheureusement) réaliste. Tu as le mérite de la poser clairement et d’en tirer les conclusions logiques. Mais tu ne t’arrêteras pas, c’est ce que j’en retiens. Tu feras différemment, mais toujours aussi bien, juste moins souvent, moins longtemps et tu pourras te préserver.
Merci, Claire, d’avoir pris le temps d’écrire ce texte dans lequel nous sommes si nombreux à nous reconnaître ! Je me retrouve beaucoup dans tout ce que tu as écrit.
Pour ma part, j’ai suivi les conseils de quelques aînés qui avaient eu des questionnements semblables dans d’autres domaines, et ceux de Liz Gilbert dans « Comme par magie », donc je ne demande plus à ma passion de me faire vivre et de faire vivre mes enfants.
J’ai un travail alimentaire à temps partiel pour cela, et nous ne roulons pas sur l’or, mais mes activités en rapport avec les fibres ne sont pas empreintes de rancœur comme elles le seraient certainement si j’avais tout le temps mon compte bancaire à l’esprit.
Ce qu’elles me rapportent me permet de financer mon matériel et mes matières premières, et de pouvoir continuer à faire découvrir le filage, le tissage et d’autres choses à des personnes qui y prennent un énorme plaisir, c’est ce qui me meut le plus…
J’espère que tu vas pouvoir trouver ta propre organisation pour pouvoir continuer à exprimer ta passion avec sérénité en y prenant beaucoup de plaisir. J’espère surtout continuer à admirer tes merveilles !!!
Bonjour,
J’ai lu attentivement votre article. Je suis une tricoteuse. J’aime les belles matières mais n’ai pas les moyens de me les offrir. Je travaille dans une PME du bâtiment, mon mari est artisan. Nous élevons nos deux enfants et même grand, cela demande du temps et des moyens… Je voulais reprendre un commerce, type mercerie, avec ma meilleure amie couturière. Nous repoussons le projet depuis plusieurs années car chaque projet envisagé n’est pas viable. Même individuellement, la conclusion est la même. Pour ma part, j’attends que mes enfants aient terminé leurs études pour me lancer. En attendant, je ronge mon frein et test la vente de mes châles tricotés dans un marché artisanal une fois l’an…Ce n’est pas encourageant. Bon courage à vous.
Bonjour Claire,
un grand merci pour tous ces mots combien justes et sincères. En espérant que tu trouve tes solutions pour pouvoir poursuivre ton magnifique travail de création.
Si tu cherche des points de chute pour des stages, l’école de la laine peut entrer dans la liste.
des bises et encore merci pour cette article magnifique.
Gaëlle.
Quel que soit ton futur; je te le souhaite plein de bonnes surprises. A bientôt, Claire.
Courage Claire .
J’espère que le « recul » que tu prendras cet été te donnera l’énergie pour repartir…
Dure réalité.
Bénédicte.
Atelier b.dicte
Je suis touchée en plein coeur par votre message.
Vous avez mis des mots sur ce que j ai vécu moi aussi sans pouvoir les exprimer vraiment. Et je vois que nombreuses sont les personnes qui se reconnaissent dans votre texte. Il est clair,explicite, précis et tellement vrai.
Je suis de tout coeur avec vous dans votre démarche de renouveau.
Je viendrai bien faire un petit tour à Brest avant juillet, juste pour vous rencontrer
Merci pour ta sincérité et ta transparence, Claire. Bizarrement, ça fait du bien à lire, même si je regrette évidemment beaucoup les difficultés économiques que tu soulèves. Cela fait écho à d’autres billets que j’ai lus sur ce même sujet, ces dernières semaines. Et, par ricochet, cela me donne énormément de grain à moudre (ou de fil à tisser…) concernant mes propres velléités créatives entrepreneuriales.
En effet, les gens ne se rendent pas compte du temps et de la dévotion que demande le fait de créer. Cela semble « facile ». Ils se disent que, parce que tu es « douée », tu fais ça « facilement ». Il y a quelque chose de l’ordre du magique (tu dis que les enfants qui te regardent filer sont comme « hypnotisés »).
Et puis, il y a un contexte culturel paradoxal en France : un pays qui est si riche, artistiquement et culturellement, mais dont l’inconscient collectif méprise le simple mot « artiste », et dont les pouvoirs politiques rendent les filières artistiques et artisanales toujours plus précaires. Incompréhensible !
Ce que je ressens en te lisant, c’est un besoin profond de faire le point, de prendre du recul, et surtout (?) de renouer avec le flux libre de ta créativité, sans être polluée par la gestion d’une entreprise à plein temps.
Peut-être serait-il possible de trouver un entre-deux : si continuer à temps plein n’est pas viable économiquement, voir pour passer à temps partiel, en complétant par autre chose à côté ? (Je dis ça, mais j’ai bien conscience que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.)
En ce qui me concerne, j’aurais une trouille bleue de me lancer sans aucun filet de sécurité. Lire des témoignages comme le tien m’encouragent dans le choix que je suis en train de faire : diminuer progressivement mon temps de travail salarié pour commencer à vendre mes créations et mes services à côté, voir ce qui se passe, et aviser ensuite.
Tu as le mérite d’avoir essayé, de t’être donnée à fond, d’avoir ravi les personnes qui ont adopté tes créations et/ou suivi tes ateliers. Ce n’est pas un échec. Tu renaîtras de tes cendres, j’ai toute confiance sur ce point. 🙂
Votre message est touchant et crie quelque chose que j’ai ressenti maintes fois…( je suis actuellement sophrologue et par le passé créatrice en broderie).Travailler pour soi est extraordinaire mais la peur de ne pouvoir joindre les 2 bouts est là.Cette société ne tourne pas rond.Tant que les consciences n’auront pas pris en compte que les vraies valeurs sont : qualité du travail qui se paie et respect dans ce processus…
Je vous souhaite le meilleur et peut être un peu de recul va être positif et va vous permettre de trouver des solutions…
Bien cordialement, Christelle
Bonjour,
Deux remarques sur les démonstrations :
– Je suis tout à fait d’accord avec le fait qu’un public de démonstration n’est pas un public d’acheteur, surtout si le produit est assez cher (et même si c’est tout à fait mérité comme tu l’expliques bien et même si le public le comprends). Personnellement j’adorerais voir une démonstration de filage parce que je n’en ai jamais vu mais ce serait purement informatif. Il faut donc que ces animations soient rémunérées de la même manière qu’on rémunérerait un musicien qui viendrait chanter par exemple (mais pareil on leur demande de venir gratuitement pour vendre des disques!)
– Sur le comparatif avec les autres métiers je ne vais parler que de l’informatique que je pratique : c’est une pratique courante du métier que de faire des démonstrations gratuites, c’est ce qu’on appelle chez nous un POC (Proof Of Concept). L’idée est de montrer d’abord que ce que l’on vend fonctionne chez le client avant de le lui vendre, libre à lui de refuser d’acheter ensuite (même si ça marche, mais il ne peut plus l’utiliser chez lui).