Ceux qui me lisent sur Facebook auront peut-être déjà vus mes grincements de dent à l’écoute du dernier album d’Omnia, « Musick and Poëtree » … J’ai failli ne pas chroniquer cet album car j’essaye de garder sur ce blog une ambiance « coups de coeur » et non « coup de crocs ». J’avais été plus conciliante au moment de la sortie de Wolf Love l’année dernière, leur accordant le bénéfice du doute, de la recherche et de l’évolution nécessaire à tout groupe, mais là…

Voici donc une belle pochette intitulée Omnia, mais dont la photo annonce tout de suite la couleur : on y voit seulement Steve et Jenny… Et c’est bien d’eux dont il sera uniquement question dans ce soi disant double album.

Nouvelle idée (???) un album unique, mais sur deux CD : je vous laisse juger, en effet le premier fait 5 chansons (dont une reprise !), le deuxième 6 (uniquement des reprises !). Un peu léger non ? Il aurait sans doute mieux valu passer plus de temps aux compositions avant de proposer ce « concept »…

Le 1er CD est celui du « groupe », c’est à dire Steve et Jenny, avec Maral, Daphyd et Philip leurs nouveaux membres : chansonnettes aux paroles simplistes (Free, I don’t speak human…) et au son pop / variété, ambiance  tribale façon Ushuaïa avec Xtatica, et que dire de la reprise  de Fee Ra Huri… Mes dieux, je file ré-écouter la première version, déjantée, inspirée et puissante comme savait le faire Omnia à l’époque (Fidhe Ra Huri, album Crone of War). Le seul morceau qui sort un peu du lot est à mes yeux Stand up, peut-être grâce à l’influence de Valravn ? Textes et musique sont signés de Steve et Jenny, le reste du groupe faisant effet de figurants et peinant à imposer une quelconque présence ou « patte » face aux deux alphas.

Le 2ème disque est consacré uniquement à Steve et Jenny en duo pour « Poetree »… Cela commence et se termine plutôt bien avec les morceaux traditionnels Gröne Lunden ou SheeBeg SheeMor joués à la harpe, mais cela manque quand même cruellement de force et d’inventivité : c’est joli, lisse et appliqué, comme si les 2 musiciens voulaient nous convaincre du chef d’oeuvre, mais pour moi le coeur n’y est pas.
Pour le reste, au secours… Si vous aimez Lili Marleen, ou encore « Que la montagne est belle » de Jean Ferrat chanté en néerlandais (je ne blague pas, allez voir la tracklist si vous ne me croyez pas ! Ca donne Het Dorp), tant mieux, sinon fuyez !

Mais que s’est-il passé ? Qu’est-il arrivé à la voix de Steve, ses effets groovy et dégoulinants, ce besoin d’en faire des tonnes ?! Comment un groupe aussi talentueux a-t-il pu en arriver là ? J’ai cherché quelques pistes, que je vous livre telles quelles :

« This is really our best cd to date  (the whole band loves it) and it feels totally fresh and new , … »

« Already hailed as OMNIA’s best work ever »

« one of the greatest Celtic harpers of this modern world… »

Si vous feuilletez même rapidement le livret et le site du groupe, vous trouverez de multiples affirmations de ce genre, où le manque de modestie le dispute à la mégalomanie. J’ai pris la peine de chercher d’autres chroniques que la mienne pour trouver d’autres sons de cloche, des personnes qui auraient pu apprécier cet album : les déçus sont les plus nombreux, et de loin ! Les blogs « Folk you Pagan! » ou celui des fans « World of Omnia » en sont de bons exemples, tant pour les articles que pour les commentaires…

Autre piste, l’introduction du livret du deuxième CD nous indique que Steve et Jenny ne se sont pas quittés plus de 6 heures ces dix dernières années… Détail mignon ou enfermant, l’idée n’est pas de juger en quoi que ce soit les choix d’un couple, mais reflète plutôt à mes yeux le manque d’ouverture de deux artistes qui semblent tourner en vase clos et dont rien ne limite l’inflation égotique : tout commentaire qui ne va pas dans leur sens est d’ailleurs supprimé rapidement…

Départs successifs de musiciens,  déception des fans… Que faudra-t-il pour retrouver Omnia ? Une page se tourne, reste les anciens albums. Mais avec ce nouveau style, la suite se fera sans moi.