Voilà près d’un an que je n’ai pas écrit ici, mais quelle année… Je vous préviens c’est un long article, avec du (manque de) sommeil, un changement de voie professionnelle, et un déménagement d’atelier dedans.

Je vous annonçais dans mon dernier message la naissance de notre petite Hermine, et j’étais pleine de bonne volonté pour continuer à partager de petits articles au fil de mes découvertes… C’était sans compter les grands changements qui ont suivi  très peu de temps après !

Changement de rythme tout d’abord, passer de la vie à trois à la vie à quatre n’a pas été simple. Avec une enfant de 3 ans et demi et un tout petit bébé, les besoins et le rythme de chacun sont si différents que nous avons été absorbés tout entiers par la recherche de nouveaux repères, et le bonheur d’accueillir une nouvelle petite fée.
Nous commencions tout juste à trouver nos marques quand notre petite Hermine a commencé à se réveiller de plus en plus souvent : les bonnes nuits, 4-5 fois, les mauvaises nuits… entre 15 et 20 (je n’aurais pas du compter !). Je ne vais pas m’étendre sur les effets dévastateurs du manque de sommeil, sur tous les aspects de la vie : physique, moral, social… Pendant quelques semaines le sommeil est devenu l’obsession : dormir comme on peut, quand on peut, tester des solutions, chercher des conseils partout (hmmm, ce n’est pas toujours une bonne idée non plus !). Et puis rien ne change, ça va mieux une nuit, le lendemain c’est pire, rien ne marchait vraiment : on a pensé aux dents, à un reflux, penché le lit, essayé différents traitements, j’ai arrêté complètement les produits laitiers, vu une ostéopathe pour la puce, le médecin bien sûr (son « c’est normal, un bébé ça pleure » restera longtemps gravé dans ma mémoire), j’ai parlé, j’ai réfléchi, je me suis questionnée (parce qu’au bout d’un moment c’est forcément la faute de la mère non ? Eh non.)
Papa Zombie, maman en miettes, la grande soeur réveillée elle aussi donc épuisée à l’école, et une petite puce en pleine santé et qui se développe très bien, mais qui dort très peu, et très mal, sans qu’on sache pourquoi… J’en ai eu ras le bol, les nuits étaient déjà pourries, les journées l’étaient tout autant à ne parler que de ça, à se focaliser sur le sommeil, à appréhender la venue du soir…
Alors on a fait comme on a pu, cododo et allaitement pour se réveiller le moins possible, se rendormir le plus vite possible, éviter les pleurs qui réveillent le papa et la grande soeur. Et puis finalement, changer de perspective : au bout d’un moment, on s’habitue presque aux multiples réveils et au manque de sommeil… et on s’aperçoit que le sommeil n’est pas notre seule source d’énergie, qu’il va falloir trouver ailleurs ce que la nuit ne peut plus nous apporter. Une journée plaisante, des amis compréhensifs, du repos par ci par là, des activités ressourçantes, parfois quelques minutes de méditation, de yoga pour se reconnecter à ce corps qu’on oublie vite en cours de route… un peu de tricot, de filage bien sûr, d’écriture, de lecture … J’ai trouvé d’autres moyens de tenir le coup, et des bons, je suis devenue la pro des petites magies du quotidien et surtout de savoir ce qui me fait du bien et me recharge. On a finalement réussi à aider notre puce à s’endormir et à se rendormir, croisons les doigts pour que ça dure ! Ce sera pour un autre article, mais à l’heure où j’écris ces lignes, Hermine a fait sa première nuit complète avant hier. J’ose à peine l’écrire tellement j’ai peur que ça ne recommence… On verra bien.
Voilà pour le bouleversement familial, plus d’un an sans dormir, vous comprendrez bien je pense que tenir ce blog s’est retrouvé assez bas dans ma liste des choses vitales 😉

Mon Authenticity shawl en cours de tricot, modèle de Silvia McFadden

Mon Authenticity shawl en cours de tricot, modèle de Silvia McFadden

Passons maintenant au professionnel.
Vous savez peut-être que j’ai géré depuis 2009 une école d’acupuncture traditionnelle, située à Paris. J’étais bibliothécaire, puis j’ai commencé des études dans cette discipline, et j’ai été rapidement embauchée par le directeur pour devenir gérante de l’école. Ca a été de très belles années, riches d’enseignements à tous les niveaux, et de très belles rencontres. En travaillant à mi-temps et en télétravail, j’ai même pu créer mon atelier, puis déménager en Bretagne. Mais il faut bien reconnaître qu’au bout de 7 ans, le coeur n’y était plus : beaucoup de déplacements, de pression, des désaccords et des incompréhensions qui se creusent faute de discussion, peu de reconnaissance… Le congé maternité était plus que bienvenu pour faire le point. Il était sensé être une pause, mais très rapidement la simple perspective de reprendre mon poste m’est apparue impossible, tant j’étais mal à cette idée. Je ressentais aussi vraiment le besoin de prolonger cette parenthèse.
Je ne sais pas si c’est votre cas aussi, mais j’ai commencé à travailler relativement tôt (21 ans), et je n’ai jamais arrêté depuis, enchaînant les postes, les projets, les casquettes… Et là, avec la naissance d’Hermine, quelque chose a changé. Plus envie de courir, plus envie d’autant stresser, de se pourrir la vie pour des choses qui au final n’en valent pas la peine, plus envie de bosser pour les autres et de perdre mon énergie, mon temps et mes idées, que mes projets persos soient toujours la dernière roue du carrosse… Je regardais autour de moi et je me disais que presque toutes les femmes qui m’entourent vivaient au même rythme que moi : un boulot, un couple, un enfant au moins, des activités multiples, on court toutes comme des folles et ce rythme est devenu notre quotidien, nous sommes débordées en permanence. On espère toujours que ça va s’arranger et se calmer, mais il faut se rendre à l’évidence, pour la plupart d’entre nous c’est un mode de vie. Les semaines, les mois, les années défilent à une telle vitesse, je pense que j’étais même un peu accro à cette hyperactivité, toujours partante pour filer un coup de main, pour participer à tel projet, pour faire ceci, aller par là… J’en tirais même une sorte de fierté j’avoue : gérante d’une entreprise, artisane, femme, maman, impliquée dans le milieu associatif, tout en continuant plusieurs formations… je m’en rajoutais sans cesse, mais oui je peux le faire, tiens d’ailleurs regarde je le fais, c’est une question d’organisation, je tiens mes engagements, mais oui on peut tout mener de front,…
J’ai adoré le rythme trépidant, les opportunités et le foisonnement cette période, mais je n’ai plus les mêmes envies ni la même énergie : je crois que j’ai fait une crise de la « trente-cinquaine » au lieu de la quarantaine 😀 J’ai eu envie de plus de douceur, de voir mes filles grandir, de ralentir, de me retrouver au lieu de me perdre en route.

Et puis il y a toujours eu le « et si ?… » de mon atelier. Et si je pouvais en vivre ? Et si c’était possible finalement ? Et si j’essayais en fait, au lieu de mâchouiller depuis des années ces questions là ? Parce que je le sais bien au fond, que c’est là que mon coeur bat, qu’au milieu de tout ce qui fait ma vie, qu’au centre de mes mains, de ma moelle, de mes rêves et de ma vision du monde même, il y a ma créativité et mes fils.
Alors après de longues discussions avec mon homme, nous avons décidé qu’il était temps de démissionner de mon poste de gérante. J’ai pris un congé parental jusqu’en septembre dernier, et repris le chemin de mon atelier depuis. Après 3 ans dans mon petit atelier en ville, aux ateliers de Louis à Brest, une nouvelle opportunité s’est présentée de rejoindre un autre collectif, tout près de l’abbaye dans le petit village de Daoulas (15 km plus loin), avec un espace beaucoup plus grand, un jardin, une cour, une cuisine… C’est d’ailleurs depuis mon nouvel atelier que je vous écris, puisque j’ai fini d’y emménager il y a deux semaines 🙂

Mon nouvel atelier, à Daoulas (Finistère)

Mon nouvel atelier, dans le collectif l’Art et Création (Daoulas, Finistère), que je partage avec l’artiste Rachel La Prairie

Je me vois déjà faire des journées teintures dans la cuisine, avoir des plantes tinctoriales peut-être, laisser des bocaux sur la fenêtre pour des teintures solaires et autres ecoprint, accueillir des stagiaires, du public dans ce bel endroit et ces vieilles pierres, filer et tisser toute la journée… La lumière est si belle ! Pour le moment j’ai beaucoup à faire : c’est la saison des fêtes et des marchés de Noël à préparer, puis viendra le planning des formations que je vais proposer. Pour tout vous dire, j’ai parfois l’impression qu’on est plusieurs à l’intérieur : il y a la Claire artiste, qui voudrait passer ces journées dans son cocon à créer, expérimenter,… la Claire thérapeute qui voudrait continuer à développer le lien entre créativité et thérapeutique, et bien sûr la Claire entrepreneuse qui a 200 idées à la minute et qui a un gros, gros projet en tête, et qui n’a finalement peut-être pas dit son dernier mot 😉

A bientôt donc, avec les informations pour la venue du stage avec India Flint en mai 2018…