Locronan est un village magnifique du Finistère, que nous avons eu la chance de découvrir avec Eber et Caillin Blaa l’année dernière, à notre retour de l’île de Sena (Sein)… Son nom, Lokorn en breton, ou Locus Ronani, signifie Lieu sacré de Ronan, du nom du célèbre saint. Sa fête est célébrée en Irlande le 1er mai…

Nous sommes depuis tombés complètement sous le charme de ces vieilles maisons de pierres grises, de sa fontaine et de sa dame, et de la forêt du Nevet qui entoure le village, dominant l’océan et la baie de Douarnenez.

fleurs

Le patrimoine celte est encore profondément tissé au paysage, aux noms, à l’énergie de cette cité. Ainsi, Nevet vient du mot gaulois « nemeton », sanctuaire. Celui de Locronan est le seul en Europe à être parvenu jusqu’à nous, encore inscrit dans le paysage, et c’est le périmètre de ce grand quadrilatère de 12 km que parcourent encore de nos jours les pèlerins de la Troménie. Sa fonction sacrée était la représentation sur terre du parcours des astres dans le ciel. Ainsi ces douzes étapes, dédiées chacune à une divinité du panthéon celtique, représentent les douze mois de l’année celtique, et étaient à l’origine toutes marquées par des menhirs, dont un seul hélas subsiste encore aujourd’hui.

Récupéré par les chrétiens, ce rituel ancien est toujours bien vivant, et a lieu tous les 6 ans entre les 2ème et 3ème dimanches de juillet. Nombreuses sont les personnes qui viennent inscrire leurs pas dans ceux des Anciens, même si le parcours a pu légèrement varier au cours des siècles et des variations de terrains, propriétés… Arrivés « par hasard » le dimanche 8 juillet, car nous avions complètement oublié que la Troménie avait lieu en 2007, c’est avec bonheur que nous avons pu joindre nos pas à ceux des pèlerins dès le lendemain, qu’ils soient fervents chrétiens ou simples randonneurs. Plus qu’une simple balade, l’importance du moment et du fait d’être présents, en tant que druidisants, s’impose à nous. Nous marchons en silence, ou quasiment, absorbés par l’effort et par la conscience de mettre nos pas dans quelque chose d’immémorial, de tellement ancien que même si le sens s’est estompé aujourd’hui, nos âmes nous poussent et réclament quand même cette part de sacré.

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Le chemin est jalonné d’une quarantaine de chapelles de feuillages, joliment décorées de fleurs, abritant chacune un saint… ambiance ! Sous un vernis à peine voilé, la foi païenne est toujours bien présente. Au terme d’une longue ascension, nous parvenons au Plas Ar C’Horn, tout en haut du Menez Lokorn, ancien lieu de culte dédié à Lug. Autre lieu riche en émotions et en mémoires, Ar Gazeg vaen, la Jument de Pierre, dédiée à la fertilité, bien qu’également appelée « la chaise de Ronan ». Les femmes viennent encore s’asseoir lorsqu’elles souhaitent avoir un enfant… « Les textes anciens présentent cette pierre comme le reste de trois blocs d’égale grandeur, les deux autres ayant été débités pour fournir des matériaux de construction. Il est remarquable que le bloc auquel personne n’ait osé toucher est le plus intéressant des trois,celui que les photographies aériennes présentent comme l’extrémité d’un phallus géant qui devait dominer Locronan d’une quinzaine de mètres à l’époque néolithique. C’est ce culte de la fécondité que les Celtes ont découvert en parvenant dans cette région,et qu’ils ont assimilé, l’intégrant à leurs propres croyances, avant que la religion chrétienne ne le fasse sien à son tour. » (source : site web de la ville de Locronan)

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Il est intéressant de noter que le village de Locronan revendique son héritage celtique, puisque tous les panneaux et brochures expliquent clairement l’origine du lieu et de son pèlerinage. Cela fait rêver !

Rendez vous donc en 2013 pour la prochaine Grande Troménie !